« Moi Président De La République » : L’art Du Flatus Vocis En Anaphore José Sarzi Amade

capa¸éé²õ³Ü³¾Ã©&²Ô²ú²õ±è;: L’objectif de ce présent article est d’examiner un des discours de l’ex-président de la République française, François Hollande, connu sous le nom de Moi président de la République. Prononcé une dizaine de jours avant son élection aux plus hautes fonctions de l’état, ce dernier discours de campagne aura été l’occasion de séduire l’électorat français et de prendre le dessus sur son adversaire, Nicolas Sarkozy, en lui portant une estocade finale. Cette allocution, construite rhétoriquement sur l’anaphore et livrée en une performance télévisuelle, nous a paru un phénomène linguistique suffisamment intrigant pour s’y attarder.

Notre travail est organisé de la manière suivante : d’abord, nous nous intéressons au contexte dans lequel fut produit le discours. Puis, il est question d’en présenter les aspects formels et lexicométriques, ainsi que de réfléchir aux visées argumentatives, à l’inten[s]ionnalité du propos.

²Ñ´Ç³Ù²õ-³¦±ôé²õ : président de la République ; rhétorique ; discours politique ; anaphore ; François Hollande ; Nicolas Sarkozy ; élections présidentielles.

Introduction

 Les dernières décennies nous ont démontré qu’une campagne présidentielle en France peut se gagner par des exercices pantomimiques, mais aussi et principalement par le recours à une rhétorique exagérée, outrancière et démagogique.

C’est justement une de ces récentes performances qui va nous servir de support d’étude, dans le cadre de ce papier concernant l’analyse de documents spécialisés. Celle-ci porte sur la tirade que livra le candidat François Hollande face à son adversaire Nicolas Sarkozy, lors du débat télévisé du 2 mai 2012. En effet, en fin d’affrontement des deux hommes politiques, dans des échanges chronométrés et orchestrés par des journalistes, le candidat socialiste pérora soudain une anaphore en Moi président de la République (transcription en ANNEXE). Psalmodiée d’une façon si particulière et longue de plus de trois minutes, elle aura sans doute dû arriver aux oreilles du téléspectateur non averti comme paroles de vérité et même sensiblement influencer son choix de vote. À l’inverse, les professionnels de la communication et autres experts connaissent quant à eux les mécanismes de ces formules gagnantes. François Hollande, tel un alchimiste se devait de transformer un discours écrit ― probablement sous la forme de notes de synthèse (mots-clés) qu’il avait sans doute mémorisé avant le débat ―, en un propos vraisemblable, spontané, et dans son cas, même artificieux (oralisation).

Dans ce bref essai, nous chercherons d’abord à mettre en évidence le contexte dans lequel a été prononcé ce discours. Puis, il sera question d’analyser le texte de plus près, sur la forme et le fond.

1 Moi président de la République : contexte

Séduire l’auditoire est le but commun de ces trois démarches : la femme qui

provoque le désir ou l’homme qui veut réaliser le sien, le publicitaire qui veut

faire acheter, le politique qui veut être élu partagent une même volonté de

séduire (MEYER, 2011, p. 111).

1. 1 Le médiatico-politique

Une élection présidentielle se gagne aujourd’hui en France au prix d’apparitions publiques répétées dans les médias, sur les plateaux de télévision, dans de grands meetings, etc. Bref, l’entière campagne des candidats est réglée selon une logique alliant apports financiers, moyens de communication toujours plus sophistiqués et discours politiques de mercatique.

De plus en plus, on reproche aux politiciens d’être des professionnels de la langue de bois, des bonimenteurs qui trahissent systématiquement leurs promesses de campagnes, des experts dans l’art de la prétérition et de la procrastination, entre autres choses.

Mais qu’en est-il vraiment ? Les politiciens sont-ils des parjures ou sont-ils eux-mêmes trahis par les mots ou plutôt par leurs discours ?

On sait qu’en tout temps, il existait des « plumes Â», celles qui écrivent pour un tiers, ou celles qui transcrivent sous sa dictée. De là provient la notion d’auteur-compositeur.  De nombreux politiciens d’aujourd’hui, dans leur discursivité, ne sont que de simples interprètes de textes, à l’instar de musiciens qui joueraient avec ou sans partition.

Rares sont-ils à improviser leurs discours, a fortiori depuis l’avènement du média télévisuel dans le monde politique[1]. Cette tâche est confiée, déléguée à des attachés de presse, des conseillers en communication, des hommes de lettres et autres, bref à ce que l’on nomme vulgairement en anglais des speech makers. Jacques Séguéla, magnat de la publicité française et figure tutélaire de la politique française depuis l’ère mitterrandienne, se complimentait déjà à l’époque que : « Faire une élection, c'est raconter une histoire de telle façon que l'enfant qui sommeille en tout électeur croie que le candidat est le seul héros crédible de cette histoire » (L’Événement du jeudi, 11 octobre 1990).

Pour faire monter sa côte de popularité, mieux vaut pour le politicien se rendre sur des plateaux de télévision dont les audiences ont les plus grosses parts de marché, et y faire un « récital Â». Pour ce faire, les envolées lyriques, incantations, mensonges par omission et utilisation de pétulants slogans sont souvent au rendez-vous.

De son côté, Moi président de la République[2] ressemble presque à un poème en prose, avec une particularité en son sein : une anaphore de quinze itérations. Le candidat François Hollande dira sur cette prouesse verbale qu’elle lui est venue comme ça (dixit), comme une diatribe inspirée des fautes, manquements, errements de son adversaire et président sortant, Nicolas Sarkozy. De plus, il confessa qu’il a dû surabonder dans son propos et par conséquent dans cette anaphore, étant donné que son interlocuteur ne l’interrompit à sa grande surprise[3].

Si en bien d’autres circonstances les discours politiques français sont amplement conçus par des plumes, et à plus forte raison dans leurs aspects topiques[4], François Hollande se réclame de la paternité de ce Moi président de la République. De toutes les façons, aucune personne à ce jour n’a revendiqué être l’auteur de ce texte. On peut donc extrapoler longtemps quant à l’auctorialité de ce qui apparut dans le débat télévisé comme une fulguration. Le candidat socialiste avait sans doute mémorisé l’ensemble des griefs qu’il allait devoir adresser à son opposant et présenter, en contrepoids, la substance de son futur mandat présidentiel. Peut-être lui avait-on recommandé de recourir à l’anaphore, comme figure de style particulièrement convaincante, et que l’on retrouve, au passage, dans les procédés publicitaires. Plus drôle peut-être, et je le pense à titre personnel : le Moi président de la République de François Hollande, ne ferait-il pas écho à la chanson de Gérard Lenorman, Si j’étais président (1980) ?[5] Le contenu se veut distinct certes, mais la ressemblance dans la forme est troublante.

Quoi qu’il en soit, cette anaphore de campagne a effectivement martelé les esprits et même si le discours n’est au fond qu’un flatus vocis (souffle de voix) qui n’engage que ceux qui y croient, ou sont bercés d’illusions et veulent croire aux lendemains meilleurs. En définitive, c’est la forme du discours qui a laissé le plus son empreinte.

2 Moi président de la République : analyse de texte

Voulant, on peut identifier trois interventions majeures qui précèdent l’élocution du Moi président de la République, et en général, pour nombre de discours ou textes d’importance majeure. Voici pour rappel :

  •  L’acte de création : c’est-à-dire l’idée première, ce qui conçu avant d’être écrit, lu et entendu. À ce stade, les chaînons de la pensée (cognition) se mettent en place pour former ultérieurement les chaînes parlées ou écrites. 
  • L’acte de conservation : il s’agit de transférer les idées, concepts, enchaînements logiques, données brutes, etc., sur un support papier ou digital, de bouche à oreille ou par enregistrement sonore, et ce, avant toute mémorisation.
  • L’acte de transmission : c’est le moment d’oraliser le texte (discours). Il passe par la mise en voix (de discours écrit et distancié à discours oral et situé). Sa restitution sera variable de la cognition de chacun, du degré d’inhibition, de possibles digressions, de l’intonation, etc.).

Pour notre part, nous ignorons comment se déroulèrent les deux premières interventions. C’est le troisième aspect qui nous intéresse et qui est l’objet ici de notre analyse, principalement la forme et le fond du discours.

2.1 Sur la forme

 Sur un plan purement formel, avec l’assistance d’outils de lexicométrie par logiciel (Tropes V8.4) ou en ligne (Voyant Tools[6]), on obtient un certain nombre d’informations statistiques issues du texte Moi président de la République. En complément d’une interprétation du texte, ces données comptables facilitent néanmoins son approche.

À la lumière de ces résultats, on apprend que notre discours est fait de 570 lemmes (occurrences comptabilisées). Par ailleurs, la moyenne de mots par phrase est de 21,1 et la densité du vocabulaire est de 0,435/1[7], traduisant un registre de langue soutenu sans pour autant verser dans la complexité. Il n’est pas inintéressant de savoir que le discours compte 43 occurrences d’un pronom personnel « je Â» dans leur forme sujet, « moi Â» (tonique) et « me Â» (réfléchie). Ceci dénote dans le contenu, un propos autocentré et, en filigrane, une volonté affichée et insistante de se présenter comme « homme providentiel Â».

 tabla

 2

3

La prépondérance de verbes statifs, déclaratifs et factifs[8] témoignent dans le discours d’une volonté affichée à vouloir (s’) affirmer (être ou avoir), de proposer des solutions et de se situer dans l’action.

Les connecteurs de cause, d’opposition, d’addition participent quant à eux du caractère argumentatif de l’exposé[9].

L’important nombre de modalisateurs de négation confirme la structure antithétique du discours[10].

 4

L’outil Cirrus (nuage de tags) de Voyant Tools permet de visionner, sur la matrice de mots pêle-mêle ci-dessus, la prépondérance de certains termes[11] : ci-dessus, se détachent clairement « président Â» et « république Â».

Le fait d’accoler le « moi Â» au « président de la République Â» ― par ellipse, car le « moi Â» va pour « si je suis Â» ―, relève presque de l’autosuggestion pour l’orateur et du subliminal pour l’auditoire. La déictique du « moi Â» (le sujet) en écho avec « président de la République Â» (objet) amplifie et sonorise les énoncés.

2. 2 Sur le fond

Savamment agencé, le discours du Moi président de la République est en fait le prodrome du programme du quinquennat (2012-2017) de François Hollande à la présidence de la France.

Dans son contenu, il annonce la ligne de conduite et la feuille de route en matière de réformes que le candidat socialiste mettrait en place s’il est élu président.

Avec une prouesse verbale en anaphore, il balaie le passé, dénonce les fautes du président sortant (népotisme, clientélisme, écart de conduite, abus d’immunité, conflits d’intérêts, cumul des mandats, système électoral à réformer, etc.) et vante les vertus cardinales d’un président nouveau.

Il en demeure que ces paroles faisaient partie d’une stratégie de communication et que la performativité de celles-ci a pu être jugée à l’aune des actes accomplis par François Hollande, une fois en exercice. Il ne nous appartient pas dans le cadre de cet essai de trancher sur ce sujet. Nous renvoyons pour cela aux papiers journalistiques[12].

L’élément déclencheur (contexte) du discours correspond au moment où la journaliste Laurence Ferrari lance au candidat de gauche : « Quel président comptez-vous être ? Â»

Sans aucune stupeur, dans un style assertif ― ni apaisé, ni emporté mais avec aplomb ―, François Hollande va servir sa tirade faite de quinze itérations, c’est-à-dire quinze Moi président de la République.

Le genre du discours est pamphlétaire ou aspire à l’être. Son style est argumentatif car il compare, discute ou critique. Ce style a surtout l’exigence de défendre une thèse. Dans notre cas, il est question pour François Hollande d’étayer celle-ci en démontrant le bien-fondé de sa candidature et sa supériorité morale sur son adversaire, et tout ceci avec une tonalité oratoire appropriée. La visée pragmatique cherche à convaincre (faire-croire) l’oratoire.

Enfin, l’utilisation systématique du futur simple de l’indicatif a une valeur d’action planifiée et réalisable. La causalité est renforcée par l’énonciation de mesures concrètes, de certitudes (ex : Moi président de la République ― si je suis président de la République ―, je ferai un acte de décentralisation […]).

La quasi-totalité du discours prononcé par François Hollande présente, dans sa structure, des énoncés antithétiques. L’effet escompté étant celui de marquer le contraste et la différenciation entre un ordre passé (Sarkozy) caractérisé par les fautes, les échecs, et un ordre nouveau (Hollande), aux antipodes de ce dernier. Chaque proposition est en place pour triompher de son adversaire, en lui assénant des coups ― arguments désapprobateurs ― déstabilisants voire fatals.

L’argumentaire de François Hollande a peut-être quelque chose à voir avec le treizième stratagème de L'Art d'avoir toujours raison (1864) du philosophe allemand Arthur Schopenhauer, où il est question, pour le même orateur, d’avancer à la fois la thèse (propositions engageantes d’Hollande) et l’antithèse (bilan négatif de Sarkozy). Avec ce stratagème de reductio ad bonum et reductio ad malum, le discours créera la gêne et mettra l’adversaire face à ses actes. Hollande peut en cette circonstance user du stratagème puisqu’il est en position de challenger et encore vierge de toutes fautes, tandis que Sarkozy est le président sortant et qu’à ce titre, il est censé rendre des comptes aux Français.

Aucune attaque ad hominem, ni mention nominale de son adversaire qui se tient en face de lui ne sont faites, mais seulement des cas de conscience par connotation et renvoi explicite au mandat écoulé de ce dernier.

À la suite quelques exemples non exhaustifs sur le modus operandi rhétorique du discours prononcé par François Hollande qui illustre cette ambivalence :

5

  

En dernier lieu, nous avons analysé aussi le discours Moi, président de la République en transposant ses enjeux au modèle actanciel forgé par le sémioticien Algirdas Julien Greimas (1986 [1966] : 262).

 6

Voici la clé interprétative ― inspirée d’Herbert (2006) ― du schéma qui met en scène les six actants, appliqué à notre thème :

L’axe qui relie le sujet de l’objet est celui du vouloir (la quête). Dans notre cas, c’est François Hollande qui aspire à être élu président de la République française. Le protagoniste, c’est-à-dire le sujet, se situe quant à lui sur un axe du pouvoir, pris entre éléments favorables et éléments contrariants.

En effet, l’adjuvant constitue ici le discours du candidat socialiste et la rhétorique qu’il contient. Étant donné que Moi président de la République contient des tournures langagières particulières (anaphore et arguments antithétiques), l’opposant ― celui qui peut entraver l’objet ―, qui théoriquement doit apporter la contradiction, devrait être vaincu grâce à cet adjuvant.

Enfin, entre destinateur et destinataire, on trouve l’axe de la transmission. Les destinataires (les téléspectateurs français et potentiels votants) sont ceux par lesquels doit arriver la concrétisation du vouloir. En d’autres termes, ils sont les moyens d’une fin, en l’occurrence celle d’être élu président de la République française. Par conséquent, l’orateur se doit ici de les conquérir.

Prenons, à titre d’exemple, la cinquième anaphore : « Moi Président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs de chaînes de télévisions publiques. Je laisserai ça à des instances indépendantes Â». Dans cet énoncé, les opposants sont les directeurs de chaînes de télévisions publiques nommés, déduisons-en, arbitrairement par Nicolas Sarkozy. Les adjuvants sont en revanche les instances indépendantes. François Hollande (sujet et destinateur) veut avertir dans son discours, en cas de son élection à la tête de la France, que les organes de presse et ses lecteurs (destinataires) bénéficieront de plus d’impartialité concernant la nomination des patrons de l’audiovisuel public.

  

Conclusion 

Quelqu’un dit :

— Ioung est très vertueux, mais peu habile à parler.

Le Maître répondit :

— Que sert d’être habile à parler ? Ceux qui reçoivent tout le monde avec de belles paroles, qui viennent seulement des lèvres, et non du cœur, se rendent souvent odieux. Je ne sais si Ioung est vertueux ; mais que lui servirait d’être habile à parler ? (CONFUCIUS, Analectes V.4)

 

On ne peut ne pas considérer le discours politique comme quelque chose qui serait illocutoire, performatif, où les paroles auraient de suite des conséquences ou seraient traduites en acte. Ces énoncés n’ont pas la valeur de l’annonce de l’arrivée d’un train sur une voie de gare, laquelle met en mouvement tous les passagers (action impliquant réaction), ou bien d’un guichet automatique qui accompagne l’utilisateur dans ses achats. Le discours politique est muable et régulièrement fait de vaines paroles ― flatus vocis. Il est sujet à l’intentionnalité de son auteur / orateur, il sera dirigé vers un objet, c’est-à-dire un but, et en d’autres termes, vers une quête du pouvoir.

Les discours politiques, de surcroît quand ils sont ceux de campagnes, n’ont rien d’anodin. Celui que nous avons appréhendé ici non plus. La rhétorique de François Hollande, avec son Moi président de la République, présente tous les apparats d’une performance télévisuelle particulièrement soucieuse d’audimétrie.

Nous avons choisi dans notre analyse de communication professionnelle un discours politique caractérisé par ce principe. Un discours à la rhétorique électoraliste aguicheuse, qui impacte, qui sacralise le moment et fait d’un candidat, un homme providentiel.

En recourant à des programmes de lexicométrie tels que Tropes V8.4 et Voyant Tools, nous avons pu, dans un premier temps, prendre acte de l’ensemble des occurrences présentes dans cette élocution, et plus précisément de l’anaphore qui la singularise. Dans la foulée, nous avons réfléchi à quelles fins avaient pu être utilisées ces longues itérations, et quelles signifiances elles purent produire sur leurs destinataires.

Sources consultées

Bibliographie

CONFUCIUS. Analectes (éd. Séraphin Couvreur), imprimerie de la mission catholique, 1895.

DUPRIEZ, Bernard. Gradus : Les procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Union générale d’Éditions, 1984.

GREIMAS, Algirdas Julien. Sémantique structurale, Paris, P.U.F, [1966] 1986.

HÉBERT, Louis. « Le modèle actantiel Â», dans Louis Hébert (dir.), Signo, 2006 [en ligne], Rimouski (Québec), Ë‚http://www.signosemio.com/greimas/modele-actantiel.asp˃.

MEYER, Michel. Que sais-je ? La rhétorique, 3e édition, Paris, Presses Universitaires de France, 2011.

Sitographie

  • Atlantico
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  • Ouest France
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  • Voyant Tools
  • Ë‚³ó³Ù³Ù±è://±¹´Ç²â²¹²Ô³Ù-³Ù´Ç´Ç±ô²õ.´Ç°ù²µ/˃
  • Youtube
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Annexe

VERBATIM*

* (une numérotation a été ajoutée aux successives anaphores)

"Je veux être un président qui d’abord respecte les Français, qui les considère.

Un président qui ne veut pas être un président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien.

1/ Moi Président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée.

2/ Moi Président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.

3/ Moi Président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien.

4/ Moi Président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante. Je ne nommerai pas les membres du Parquet alors que l’avis du Conseil de la Magistrature n’a pas été dans ce sens.

5/ Moi Président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs de chaînes de télévisions publiques. Je laisserai ça à des instances indépendantes.

6/ Moi Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire.

7/ Moi Président de la République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du Chef de l’État. Je le ferai réformer de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés je puisse, dans certaines conditions, me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances.

8/ Moi Président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d’hommes.

9/ Moi Président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts.

10/ Moi Président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leur tâche.

11/ Moi Président de la République, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.

12/ Moi Président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats. Et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi ou ce qui relève de la négociation.

13/ Moi Président de la République, j’engagerai de grands débats. On a évoqué celui de l’énergie et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces questions là de grands débats citoyens.

14/ Moi Président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections non pas celles de 2012 mais celles de 2017, parce que je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités soit représenté.

15/ Moi Président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions. Mais en même temps, je ne m’occuperai pas de tout et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français.

J’avais évoqué une présidence normale, rien n’est normal quand on est président de la République puisque les conditions sont exceptionnelles, le monde traverse une crise majeure, en tous cas l’Europe. Il y a des conflits dans le monde, sur la planète. Il y a l’enjeu de l’environnement, du réchauffement climatique. Bien sûr que le président doit être à la hauteur de ces sujets là mais il doit aussi être proche du peuple, être capable de le comprendre. Â»




[1] En France, Charles de Gaulles avait été parmi les pionniers en la matière. À partir de 1958, la RTF (Radiodiffusion-télévision française) est créée. Elle devient dès lors un médium incontournable de la vie politique. À cet égard, Pierpaolo Pasolini avait donné son sentiment sur ce phénomène autoritaire en une phrase sibylline. Notre traduction de l’italien : « Les mots qui viennent de la télévision proviennent toujours d'en haut, même les plus vrais. Et parler à la caméra, c’est toujours parler ex cathedra, même quand il y a un déguisement de démocratie Â» (cf. Terza B facciamo l’appello, Interview d’Enzo Biagi à Pierpaolo Pasolini, 1971, vidéo disponible [En ligne 25/06/2013] Ë‚ https://www.youtube.com/watch?v=p_uH1X4hwZU˃).
[2] Vidéo disponible [En ligne 02/05/2012] Ë‚³ó³Ù³Ù±è²õ://·É·É·É.²â´Ç³Ü³Ù³Ü²ú±ð.³¦´Ç³¾/·É²¹³Ù³¦³ó?±¹=53²ú-±èµþ±Ê±¹Âá³¾´¡Ëƒ.
[3] Article de Laurent Binet, consulté le 15/06/2018 [En ligne 26/08/2012] Ë‚³ó³Ù³Ù±è://·É·É·É.²¹³Ù±ô²¹²Ô³Ù¾±³¦´Ç.´Ú°ù/»å±ð³¦°ù²â±è³Ù²¹²µ±ð/´Ú°ù²¹²Ô³¦´Ç¾±²õ-³ó´Ç±ô±ô²¹²Ô»å±ð-³¾´Ç¾±-±è°ù±ð²õ¾±»å±ð²Ô³Ù-°ù±ð±è³Ü²ú±ô¾±±ç³Ü±ð-³¾±ð²õ³Ù-±¹±ð²Ô³Ü-³¦´Ç³¾³¾±ð-»å±ð²ú²¹³Ù-±ð²Ô³Ù°ù±ð-»å±ð³Ü³æ-³Ù´Ç³Ü°ù²õ-²Ô¾±³¦´Ç±ô²¹²õ-²õ²¹°ù°ì´Ç³ú²â-²õ´Ç³¦¾±²¹±ô¾±²õ³Ù±ð-°ù¾±±ð²Ô-±è²¹²õ²õ±ð-³¦´Ç³¾³¾±ð-458827.³ó³Ù³¾±ô˃.
[4] Article de Céline Lebreton, consulté le 15/06/2018 [En ligne 10/03/2012] Ë‚³ó³Ù³Ù±è://±è°ù±ð²õ¾±»å±ð²Ô³Ù¾±±ð±ô±ô±ð2012.´Ç³Ü±ð²õ³Ù-´Ú°ù²¹²Ô³¦±ð.´Ú°ù/²¹³¦³Ù³Ü²¹±ô¾±³Ù±ð/³¦±ð²õ-±è±ô³Ü³¾±ð²õ-±ç³Ü¾±-»å´Ç²Ô²Ô±ð²Ô³Ù-±ô±ð-³Ù´Ç²Ô-»å±ð²õ-»å¾±²õ³¦´Ç³Ü°ù²õ-10-03-2012-531˃.
[5] Vidéo disponible [En ligne 04/01/2012] Ë‚³ó³Ù³Ù±è²õ://·É·É·É.²â´Ç³Ü³Ù³Ü²ú±ð.³¦´Ç³¾/·É²¹³Ù³¦³ó?±¹=0¾±±Ê¸é³å-´Ü³Ý°¿´Ú²õ˃.
[6] http://voyant-tools.org/
[7] Données de Voyant Tools (outils « Corpus Summary Â»)
[8] Statif (état ou possession) : « être » ; « avoir » ; « constituer » ; « relever », etc.

Déclaratif (déclaration sur une action, un être, un objet, un sentiment) : « considérer » ; « devoir » ; « pouvoir » ; « nommer » ; « penser » ; « évoquer » ; etc.

Factif (d’action) : « faire » ; « laisser » ; « essayer » ; « introduire » ; etc.

Performatif (acte par et dans le langage) : « vouloir »

 
[9] Cause : « parce que » ; « puisque » ; « en sorte que » ; Opposition : « mais » ; « en tout cas » ; « alors que » ; etc. ; Addition : « et » ; Disjonction : « ou » ; Condition : « si » ; But : « de façon à » ; Temps : « quand »

 
[10] Négation : « ne pas » ; « non pas » ; « rien » ; Intensité : « tout » ; « autant » ; « pleinement » ; Temps :            « d’abord » ; « régulièrement » ; « en même temps » ; « à chaque instant », etc. ; Affirmation : « aussi » ; « bien sûr » ; Lieu : « proche » ; « là » ; Manière : « de manière »
 

[11] Du reste, les mots les plus fréquents sont : président (20) ; république (16) ; ferai (5) ; avoir (3) ; chef (3) ; conditions (2) ; considère (2) ; débats (2) ; doit (2) ; élections (2).
[12] Article de Sébastien Tronche, consulté le 19/06/2018 [En ligne 02/05/2017] Ë‚³ó³Ù³Ù±è://±ô±ð±ô²¹²ú.±ð³Ü°ù´Ç±è±ð1.´Ú°ù/³¦¾±²Ô±ç-²¹²Ô²õ-±è±ô³Ü²õ-³Ù²¹°ù»å-±ç³Ü±ð-°ù±ð²õ³Ù±ð-³Ù-¾±±ô-»å±ð-±ô²¹²Ô²¹±è³ó´Ç°ù±ð-³¾´Ç¾±-±è°ù±ð²õ¾±»å±ð²Ô³Ù-»å±ð-´Ú°ù²¹²Ô³¦´Ç¾±²õ-³ó´Ç±ô±ô²¹²Ô»å±ð-±ô´Ç°ù²õ-»å³Ü-»å±ð²ú²¹³Ù-»å±ð²Ô³Ù°ù±ð-»å±ð³Ü³æ-³Ù´Ç³Ü°ù²õ-´Ú²¹³¦±ð-²¹-²Ô¾±³¦´Ç±ô²¹²õ-²õ²¹°ù°ì´Ç³ú²â-3317810˃.